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LES TÉMOIGNAGES

Si un proche, par exemple votre enfant, est en crise:

Votre enfant est effrayé par ce qui lui arrive, comme vous l’êtes aussi. Il est tout à fait perturbé, ne pouvant se résoudre à ce que vous trouvez raisonnable de faire : qu’il prenne les médicaments qui ont pu lui avoir été prescrits, qu’il consente à être vu par un médecin Il faut le persuader, mais vous n’y arrivez pas. Il ne peut se résoudre à rien. Tout paraît se dérègler. Impossible, dans ces conditions, de trouver une solution.

DE QUELS ARGUMENTS DISPOSEZ-VOUS ?

Rétablir l’espoir

On peut tout à fait retrouver la stabilité de son esprit. Alors tout ira beaucoup mieux. Notre équilibre étant le résultat d’actions conjointes ou antagonistes de sécrétions biologiques, le dosage de ces actions peut devenir anormal, cela arrive ! Un médicament peut-il remédier à un déséquilibre de cet ordre, au moins momentanément ? Oui, bien sûr ! Est ce que ça ne vaut pas la peine d’essayer ?

CE SERA LONG ?

Le temps qu’il faudra, on vivra avec et tout ira mieux! Les médicaments aident à supprimer les souffrances qu’on endure, cela ne vaut-il pas la peine de les essayer, au moins le temps qu’il faut, et voir ces souffrances disparaître ? Donc, on ne s’en prive pas ! Et pour se prouver leur efficacité, pourquoi ne pas tenir un cahier de notes? On y écrit les prises de médicament (jour, heure, nature, quantité), et l’état dans lequel on se sent, évalué avec une note de 1 à 10. On verra bien alors si c’est bien vrai qu’ils sont actifs, apportent un mieux être et un soulagement. Il faut un peu de temps pour constater leur action, mais on va constater qu’un progrès apparaît, et se développe. Cette technique du cahier de notes, vous pouvez l’aider à la conduire.

Désemparé, votre enfant a un immense besoin de se savoir écouté et compris. Faites-lui décrire un peu ce qui lui arrive. Il vous dira par exemple, qu’il entend des voix : aidez-le à vous en faire le récit, aidez-le aussi à en prendre note, autre chapitre possible d’un cahier. Assurez-le que vous le croyez absolument. C’est vrai qu’il entend des voix, et vous comprenez bien que n’importe qui puisse être extrêmement perturbé par ça. Rien de plus naturel aussi que de tenter de fuir l’emprise des voix. Que sont-elles ? Peut-être une illusion fabriquée par le cerveau, par la maladie. Alors, cherchez à ne plus les écouter puisqu’elles vous tourmentent ! Est-ce que les autres les entendent aussi ? Est-ce que les voix disent la vérité ? Pour y voir plus clair, ne faudrait-il pas noter quand et où elles se sont manifestées, dans quelles circonstances, et essayer de savoir si elles ne seraient pas qu’une illusion à écarter ?

Qu’il les entende, oui ! Proposer votre aide, pour prouver que ces voix lui mentent. Vous croyez tout à fait qu’il entend des voix, vous comprenez que c’est horrible, mais vous, vous ne les entendez pas et vous allez l’aider à constater que ces voix menteuses sont à oublier. Entourer votre enfant d’un réseau de bienveillance bien plus important que celui habituel, de manière à lui faire comprendre que malgré tout, il peut toujours avoir la plus grande confiance en vous, peut compter sur vous et sur ce que vous pouvez suggérer. Il vous oppose une résistance et un désespoir ? Ne l’obligez à rien, dites-lui toujours que vous êtes très attentif à ce qu’il ressent, que vous comprenez et que vous ne voulez que l’aider chaque fois qu’il en a besoin.

Les gestes les plus simples et les plus anodins, qui témoignent de votre sympathie sont les mieux compris. Leur portée est beaucoup plus considérable qu’on croit : offrir un chocolat, un simple verre d’eau ou de tisane, quelques fleurs, prend une importance qu’on ne peut imaginer à priori. Ils font de petits miracles. Essayer les souvent, captez sa confiance, soyez patient.

Votre enfant sombre dans la dépression et vous sentez que, sans soins, il s’éloigne de plus en plus d’une vie normale.

Sans doute n’arriverez-vous plus à le persuader de prendre les médicaments qui lui ont peut-être été déjà prescrits, Vous constatez votre impuissance à l’aider, et lui voit ses tourments s’amplifier. Pourquoi ne demanderiez-vous pas à votre médecin de famille, ou à un psychiatre, de lui consacrer le temps d’une longue consultation pour que l’un ou l’autre obtiennent son consentement à une hospitalisation de durée suffisante pour le remettre sur pied. Vous trouveriez un établissement proche de chez vous, où vous pourriez venir facilement lui rendre visite. Comme pour n’importe quelle autre maladie, on doit envisager un séjour en hôpital ou clinique, chose tout à fait naturelle, même si cette perspective est difficile à accepter par quelqu’un qui ne raisonne plus et voit tout en noir. Bien entendu, si vous avez le choix, vous vous déciderez pour un établissement de réputation établie pour les soins spécialisés aux malades psychiques.

Renseignez-vous sur ces établissements, inquiétez-vous de ce qui s’y passe. Si votre enfant s’y sent mal, il sera peut-être tenté de s’enfuir. Les tentatives de le retrouver dans la panique, l’affolement de tout le monde feraient perdre un temps précieux. Essayer de savoir du personnel hospitalier combien de temps durera son séjour. Trouvez l’occasion de dire que vous comptez bien vous occuper, avec eux, de préparer sa sortie, trouver un point de recueil et de consolidation. Ce peut être chez-vous ou en un autre endroit, mais pas trop loin de chez vous afin que vous puissiez suivre les choses de près. Et là encore, vous devrez vous occuper soigneusement de la suite. Assurez-vous qu’il ait au moins pu bénéficier d’une véritable « éducation thérapeutique », qui lui rende familières les habitudes indispensables de prise régulière de médicament et lui donne les éléments pour réussir la sortie d’hôpital. Des médicaments et doses d’emploi, on peut toujours discuter, mais il faut les prendre. On a le droit de questionner son psychiatre sur l’adéquation du médicament à un état et un degré de tolérance qui peuvent évoluer. Il peut toujours changer de médicament s’il est mal toléré ou n’a pas d’effet sensible. Eventuellement, on a même le droit de changer de psychiatre si on ne peut absolument pas s’accorder avec ce qu’il propose.

Votre enfant a été admis dans un établissement de soins. La sortie de l’hôpital, ou de la clinique étant d’une extrême importance, elle doit être très bien préparée, le mieux serait de s’entourer d’un faisceau de compétences : le concours d’un médecin, d’un psychologue, d’une assistance sociale est indispensable.

Comme il faut éviter à tout prix la rupture des soins, il s’agit d’établir un retour progressif à la vie normale. Quand le prévoit-on, comment, avec quels buts et quelles perspectives de vie scolaire ou universitaire, de reprise d’activité, avec quel projet de vacances et de repos, quel traitement psychologique de rétablissement si nécessaire, quelle réhabilitation. C’est tout un monde nouveau qu’il faut imaginer et construire. Mais ceci est pour plus tard. Pour l’instant, vous avez à persuader à tout prix votre enfant d’accepter qu’on le soigne, l’accompagner le plus possible, le rassurer toujours. Si vous n’arrivez à rien, à un certain moment, il peut se faire que vous deviez considérer qu’il y a une urgence absolue de sortir d’une impasse dont le risque n’est plus gérable. Alors intervenez vite : alerter votre médecin, et/ou les services d’urgence pour que soit organisée une hospitalisation, consentie ou pas. Accompagnez votre enfant autant que vous le pouvez et rassurez-le. Demandez de ses nouvelles très régulièrement, allez le voir aussi souvent que vous pourrez, en lui apportant des petits cadeaux, chocolats, jus de fruits, des choses qu’il aime. Il faut se résoudre à l’hospitalisation comme cela peut arriver pour beaucoup d’autres maladies.

Il vous sera difficile de coller au programme esquissé ci-dessus, mais tentez de réaliser un peu de ce qu’il préconise, et dans le même esprit, vous verrez que cela vous aidera.